Environnement

L'accord proposé à la COP30 ne mentionne pas les combustibles fossiles

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L'entente ne fait pas l'unanimité parmi les participants.

André Corrêa do Lago, président de la COP30, assis entouré de son équipe avant le début de la séance plénière du Sommet des Nations unies sur le climat COP30, samedi 22 novembre 2025, à Belém, au Brésil. André Corrêa do Lago, président de la COP30, assis entouré de son équipe avant le début de la séance plénière du Sommet des Nations unies sur le climat COP30, samedi 22 novembre 2025, à Belém, au Brésil. (Andre Penner/Associated Press)

Les négociateurs participant aux pourparlers des Nations Unies sur le climat se sont entendus sur une entente modérée qui permettait aux pays les plus affectées par less changements climatiques de recevoir plus argent. Toutefois, l'accord ne prévoit aucune feuille de toute visant l'élimination des combustibles fossiles.

Bien que les demandes de 80 pays pour l'élimination progressive des combustibles fossiles ne figurent pas dans le document intitulé «Unir l'humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique», la présidence brésilienne a promis de se joindre à la Colombie pour élaborer une feuille de route indépendante qui n'aura pas besoin d'être approuvée par les 190 pays. 

«Bien que loin de répondre à tous les besoins, le résultat obtenu à Belém constitue un progrès significatif», affirme l'ancienne envoyée spéciale allemande pour le climat, Jennifer Morgan, aujourd'hui chercheuse à l'université Tufts.

Les dirigeants de la conférence prévoient une réunion de tous les pays participants pour faire approuver l'accord. Certains pays pourraient tenter de s'y opposer, préférant l'absence d'entente à un accord trop faible.

Mme Morgan dit douter qu'un pays tente réellement de bloquer l'accord qui a été réalisé après plus de 12 heures de réunion dans la nuit de vendredi à samedi dans le bureau du président de la COP30, André Corrêa do Lago.

L'entente ne fait pas l'unanimité parmi les participants.

Le négociateur panaméen Juan Carlos Monterrey Gomez l'a qualifié de faible et d'inadéquat.

«Une décision sur le climat qui ne comprend pas les mots 'carburants fossiles' n'est pas neutre. Elle est complice. Et ce qui s'est produit ici transcende l'incomptence, a-t-il commenté. La science a été effacée par la COP30 parce qu'elle offensait les pollueurs.»

 «C'est un résultat faible», a renchéri l'ancien négociateur philippin Jasper Inventor, aujourd'hui membre de Greenpeace International.

Un plan de transition énergétique sera présenté dans une proposition distincte publiée ultérieurement par l'équipe de M. do Lago, mais celle-ci n'aura pas le même poids qu'un accord accepté par les pays lors de la conférence.

Dans le texte, au lieu d'un plan de transition vers l'abandon des combustibles fossiles, l'accord «reconnaît que la transition mondiale vers des émissions de gaz à effet de serre faibles et un développement résilient au changement climatique est irréversible et constitue la tendance de l'avenir». Il affirme que  l'accord de Paris (2015) fonctionne.

Les négociations annuelles se tiennent cette année à Belém, une ville brésilienne située à la lisière de la forêt amazonienne. Elles devaient s'achever vendredi, mais les négociateurs ont dépassé ce délai et ont travaillé toute la nuit. 

Aide financière et autres questions clés

Parmi les questions les plus importantes figurent la manière de répartir les 300 milliards $ US par an d'aide financière aux pays vulnérables les plus touchés par le changement climatique, l'incitation des pays à renforcer leurs plans nationaux de réduction des émissions responsables du réchauffement climatique et la lutte contre les barrières commerciales liées au climat. Les pays les plus pauvres ont demandé que l'aide financière soit triplée afin de s'adapter aux conditions météorologiques extrêmes et aux autres effets néfastes des changements climatiques. Bien que cela figure dans l'accord, la date limite a été repoussée de cinq ans, à 2035.

Quel que soit l'accord proposé, il doit encore être approuvé à l'unanimité par ce qui reste des quelque 200 nations qui ont participé à la conférence de deux semaines. Certains délégués, observateurs et autres ont dû partir samedi matin lorsque les bateaux de croisière qui les hébergeaient ont pris la mer. 

Au début de la semaine, M. do Lago avait publié ce qu'il espérait être une proposition finale. Celle-ci a été vivement critiquée par l'Union européenne, les petits États insulaires et les pays d'Amérique latine, qui l'ont jugée trop laxiste en matière de combustibles fossiles et ont exhorté les pays à renforcer leurs nouveaux plans de lutte contre le changement climatique. Mais d'autres pays, dont l'Arabie saoudite, se sont opposés à l'appel en faveur d'une transition vers l'abandon des combustibles fossiles.

 

«Les pays producteurs de pétrole tentent de résister, afin de vraiment enrayer le déclin des combustibles fossiles », a déclaré Mme Morgan.

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avait plaidé en faveur d'un plan plus ambitieux pour abandonner les combustibles fossiles, tout comme plus de 80 pays. Mais la proposition initiale de M. do Lago, nommé par Lula, ne mentionnait même pas les mots « combustibles fossiles». 

Les accords issus de la COP30 doivent techniquement être approuvés par consensus. Mais dans le passé, les objections de certains pays ont été ignorées par le président, pressé de clore les débats.

L'un des points que les négociateurs mettront en avant est la formulation utilisée dans le document, qui ne constitue pas une feuille de route explicite pour sortir des énergies fossiles, mais renvoie aux accords précédents afin de maintenir la dynamique et de «vivre et se battre un jour de plus», explique Alden Meyer, analyste chevronné du groupe de réflexion européen E3G. 

Ce n'est pas suffisant, a déclaré M. Inventor. «Nous devons réfléchir à ce qui était possible et à ce qui semble désormais manquer: une feuille de route pour mettre fin à la destruction des forêts et aux combustibles fossiles, ainsi que le manque persistant de financement. Mais nous continuons le combat.»