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Violence conjugale: comment fonctionnent les cellules d’intervention rapide?

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«Avec la cellule de crise, on a sauvé des vies, j'en suis persuadée.»

Violence conjugale: comment fonctionnent les cellules d’intervention rapide Violence conjugale: comment fonctionnent les cellules d’intervention rapide

Pour s’assurer de protéger les victimes de violence conjugale, une cellule d’intervention rapide peut être déclenchée dans des situations à haut risque d’homicide conjugal ou intrafamilial.

La première cellule d’intervention rapide a été créée il y a 25 ans à Laval et depuis 2023 il y en a dans toutes les régions du Québec. Et au cours des cinq dernières années, 410 cellules de crise ont été déclenchées.

Dans l’histoire de Marie (nom fictif), victime de violence conjugale de la part de son ex-conjoint, une cellule a dû être déclenchée pour la protéger, elle et ses enfants.

Mais pour activer une cellule d’intervention rapide, il faut que l’un des partenaires formés par la cellule fasse un signalement, explique Mylaine Paquette, coordonnatrice de la cellule d’intervention rapide et directrice de la Maison Unies-Vers-Femmes (MUVF) de Gatineau.

«On ne peut pas lever une confidentialité juste comme ça parce qu’on est inquiet», indique-t-elle.

Pour justifier la levée de la confidentialité, les intervenants doivent remplir une grille où ils évaluent les risques de modérer à imminent ou immédiat d'un féminicide.

L'ex de Marie, lui, cochait toutes les cases. Il est présentement derrière les barreaux.

«Quand je lui ai mis mon ultimatum, au lieu d'aller se faire soigner, il est tombé dans la drogue forte», raconte Marie en entrevue avec Noovo Info

Il l'a aussi séquestrée et violée, en plus de kidnapper un de leurs enfants.

Faire la différence

Les cellules d’intervention rapide permettent à la police et plusieurs organismes de communiquer ensemble afin d’agir rapidement pour venir en aide aux victimes de violence conjugale.

«Le fait qu'on puisse se parler, ça change tout», souligne Marie-Ève Gascon, policière de l’équipe d’intervention et de soutien en violence conjugale à Gatineau.

Elle raconte que lors de l’une de ses dernières interventions, en seulement 24 heures son équipe et tous les organismes communautaires communiquaient ensemble pour pouvoir aider la famille victime de violence.

«Avec la cellule de crise, on a sauvé des vies, j'en suis persuadée.» 
-Marie-Ève Gascon policière de l’équipe d’intervention et de soutien en violence conjugale à Gatineau.

«On ne s'est jamais autant parlé, que ce soit au niveau d'un centre d'hébergement, qu’avec les procureurs notamment», rapporte Évelyne Villeneuve, enquêtrice de l’équipe d’intervention et de soutien en violence conjugale à Gatineau.

Des intervenants du réseau de la santé des services sociaux comme la DPJ et les organismes d'aide aux hommes auteurs de violence siègent aussi sur ces cellules. Et ils nomment tous la violence coercitive comme un facteur de risque important.

«Ça a été démontré dans le tiers des cas que la tentative d'homicide ou l’homicide c'était le premier geste de violence physique. C'est vraiment le contrôle coercitif qui est au cœur de tout ça», soutient Mme Paquette.

Demande d’aide criante

Seulement, dans la dernière année, l'organisme SOS Violences conjugales a reçu 19 306 demandes d'hébergement, mais la moitié ont dû être refusées.

«Une soixantaine de maisons à travers le Québec ont déclaré avoir des listes d'attente juste pour les services de consultation externes où on peut aider une femme à préparer son départ, où on peut l'accompagner dans ses démarches. Les délais d'attente peuvent en moyenne être de huit semaines. C'est beaucoup pour une femme qui se sent en danger», rapporte Louise Riendeau, porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

«La femme lorsqu’elle appelle, elle doit avoir de l’aide maintenant. Ça peut être pour des raisons de sécurité, ça peut être parce qu’elle vient de se décider, ça peut être parce qu’elle est en danger. Il faut vraiment être capable de lui donner des services tout de suite», souligne également Annick Brazeau, coordonnatrice de cellule d’intervention rapide de la MUVF.

L'ensemble des maisons d'hébergement réclament que Québec fasse de cet enjeu une priorité et trouve des façons de financer plus de places et plus de services.

Les intervenants pressent aussi le nouveau gouvernement Carney de déposer un projet de loi pour criminaliser le contrôle coercitif, une loi qui était en voie d'être adoptée sous l'ancien gouvernement Trudeau.

Rappelons qu’en 2021, Québec a débloqué 223 millions $ sur cinq ans pour prévenir les féminicides. Le ministère de la Sécurité publique, quant à lui, a octroyé une enveloppe de 27 millions $ pour des projets.

La police de Gatineau a mis en place son équipe spécialisée en violences conjugales, mais la subvention arrive à échéance en mars et rien n'assure qu’elle sera renouvelée.

À voir dans la vidéo.

Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter SOS violence conjugale au 1-800-363-9010. L'aide fournie est bilingue, gratuite, anonyme et confidentielle par téléphone, texto, clavardage et courriel au sos@sosviolenceconjugale.ca

Laurie Gervais

Laurie Gervais

Journaliste

Marie-Claude Paradis-Desfossés

Marie-Claude Paradis-Desfossés

Journaliste et cheffe d'antenne