Alors que les provinces se tournent vers les hôtels pour fournir un hébergement temporaire aux personnes vivant dans des campements de sans-abri, la défenseure fédérale du logement affirme que les gouvernements doivent respecter les droits et les besoins des personnes sans logement, qui ne veulent peut-être pas être déplacées.
Marie-Josée Houle a fait ces remarques à Terre-Neuve-et-Labrador le mois dernier, où le personnel du Comfort Hotel près de l'aéroport de St. John's transformera bientôt le bâtiment en un établissement d'hébergement de transition, en vertu d'un bail avec la province.
L'accord est similaire à celui conclu par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse qui a transformé, l'année dernière, un hôtel DoubleTree de Hilton, dans la région d'Halifax, en un complexe de logements de transition.
Halifax et St. John's font partie des nombreuses villes du pays où un nombre sans précédent de sans-abris vit dans des campements de tentes, une tendance qui, selon Mme Houle, constitue une crise des droits de la personne.
Et même si les hôtels offrent un répit temporaire par rapport à l'extérieur, ils ne résoudront pas le problème, a-t-elle déclaré à St. John's.
«Vivre dans un hôtel n'est pas une solution à l'itinérance, a rappelé Mme Houle. La question essentielle à se poser c'est 'est-que (les gouvernements) s'engagent correctement et de manière constructive avec les gens dans les campements? Est-ce ce qu'ils choisissent?' C'est vraiment à cela que ça se résume.»
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé le mois dernier son contrat de location de 20,7 millions $ sur trois ans pour le Comfort Hotel, dans un contexte de pression publique croissante pour aider les personnes vivant dans des tentes dans un parc du centre-ville de St. John's. Certains résidents du camp ont déclaré qu'ils se sentaient plus en sécurité dans des tentes que dans le système d'hébergement de la province, qui comprend des maisons appartenant à des propriétaires privés cherchant à réaliser des profits.
Le nouvel établissement, qui n'a pas encore de nom, offrira également des services de santé mentale et de toxicomanie, et comprendra du personnel pour aider les résidents à trouver un logement permanent. Les gens devraient commencer à emménager le mois prochain.
«Nous allons toujours les nourrir, a soutenu la propriétaire de l'hôtel, Judy Sparkes-Giannou, dans une récente entrevue. Nous allons toujours nettoyer les chambres, nous allons continuer de faire toutes les choses que nous faisons habituellement dans un environnement hôtelier, à part que nous ne les récupérerons probablement pas à l'aéroport.»
Michael Kabalen, directeur exécutif de l'organisme Affordable Housing Association of Nova Scotia, craint que les gouvernements proposent des logements de transition via les hôtels sans se concentrer sur les solutions permanentes. Une chambre d'hôtel peut apporter un répit, surtout si elle s'accompagne de soins de santé et de soutien communautaires, mais il doit y avoir un logement permanent où les gens peuvent se rendre lorsqu'ils partent, a-t-il soulevé lors d'une récente entrevue.
«Si quelqu'un se trouve dans un hôtel et que cet hôtel est qualifié de transitionnel, il vivra toujours une crise pendant qu'il y réside. La seule façon de résoudre cette crise est un logement, a indiqué M. Kabalen. Ce sont toutes des solutions très coûteuses. Le logement est la solution la moins coûteuse pour la plupart de ces gens.»
Son groupe participe à la gestion de The Overlook, un projet de logement avec services de soutien à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, qui était autrefois un hôtel Travelodge.
Ils l'ont acheté grâce au financement du gouvernement et ont rénové les chambres de l'hôtel pour en faire des appartements indépendants avec chambres et cuisines. Le complexe, qui a ouvert ses portes l'année dernière, propose des appartements permanents et non des abris temporaires, selon M. Kabalen.
Besoin de solutions permanentes
Mardi, le ministère des Services communautaires de la Nouvelle-Écosse a déclaré qu'il était en discussion sur la prolongation du bail de l'ancien hôtel DoubleTree à Dartmouth, qui a été transformé en un centre d'hébergement de transition et une clinique de santé, appelée The Bridge. Le bail expire le mois prochain.
Pendant ce temps, la municipalité régionale d'Halifax a distribué mercredi des avis d'expulsion aux résidents de cinq de ses campements pour sans-abri désignés, affirmant qu'il existait de «meilleures options» que les tentes extérieures.
À Langley, en Colombie-Britannique, la Lookout Housing and Health Society gère un hôtel Canada's Best Value Inn, qui est désormais un établissement de logements de transition de 46 lits offrant des services de soutien. L'établissement a commencé comme résidence d'urgence au plus fort de la pandémie de COVID-19.
Megan Kriger, directrice du groupe, a affirmé que les anciens hôtels peuvent servir à loger des personnes en cas de crise, mais qu'ils ont souvent besoin de rénovations et qu'ils doivent être dotés d'un personnel formé pour fournir le soutien nécessaire.
Selon Marie-Josée Houle, que les provinces convertissent ou non des hôtels comme logements temporaires pour les personnes vivant sous des tentes, les gouvernements doivent consulter les personnes qu'ils tentent de servir et rechercher des solutions permanentes.
«Les campements de sans-abris sont une manifestation physique de l'état exact de notre système de logement et de lutte contre les sans-abris à travers le pays, a-t-elle pointé. Dans l'immédiat, les gouvernements doivent reconnaître qu'il existe une crise du logement à laquelle ils doivent remédier. Et la solution est un logement, et un logement adéquat, ce qui est différent pour chaque personne.»
