Penny Oleksiak, sept fois médaillée olympique en natation et athlète féminine canadienne la plus médaillée de l'histoire des Jeux, a été suspendue deux ans pour violation des règles antidopage.
Bien que ses antécédents de contrôle antidopage ne révèlent aucune substance interdite, elle a manqué à trois reprises, entre octobre 2024 et juin 2025, à ses obligations de localisation prévues par la réglementation antidopage.
La suspension, annoncée mardi par l'Agence internationale de contrôle (ICA), prendra fin le 14 juillet 2027. Oleksiak pourra ainsi participer à une quatrième édition des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 si elle le souhaite.
La réglementation antidopage stipule que les athlètes doivent être joignables pour des contrôles aléatoires.
Chaque trimestre, ils doivent fournir leurs adresses quotidiennes (domicile, hôtel ou autre), leurs lieux et horaires d'entraînement et de compétition, leurs lieux et horaires scolaires, leurs horaires de travail ou de rendez-vous médicaux, ainsi qu'une plage horaire de 60 minutes chaque jour pendant laquelle ils sont disponibles pour un contrôle.
Le Centre canadien pour l'éthique dans le sport envoie des rappels par courriel aux athlètes canadiens avant le dernier jour du mois précédant chaque trimestre.
Il incombe aux athlètes de soumettre leurs renseignements et de mettre à jour tout changement par l'entremise du Système d'administration et de gestion antidopage (ADAMS), accessible sur ordinateur ou via une application mobile.
Le Code mondial antidopage définit un manquement aux obligations de localisation comme toute combinaison de trois tests manqués ou de déclarations manquantes sur une période de 12 mois.
Oleksiak, qui s'est retirée des championnats du monde de juillet et a accepté une suspension provisoire, n'a pas précisé la nature des lacunes dans ses renseignements de localisation.
La nageuse de 25 ans a déclaré dans des publications Instagram en juillet et en août : «Je suis et j'ai toujours été une athlète propre.»
«Nous acceptons l'explication de Penny : il s'agissait d'erreurs et elle n'a pas utilisé de substances interdites. La réglementation antidopage vise à assurer l'équité pour tous les athlètes, a déclaré Suzanne Paulins, directrice générale de Natation Canada, dans un communiqué publié mardi.
«Penny va nous manquer au sein de l'équipe nationale et nous espérons la revoir dans le bassin dès qu'elle sera autorisée à concourir.»
Cependant, Oleksiak n'a pas participé à des compétitions depuis des mois et ne le fera pas avant plusieurs mois, car elle n'a pas respecté les règles de localisation mises en place pour lutter contre le dopage dans le sport.
«Il y a eu, par le passé, des athlètes qui ont commis des erreurs par inadvertance ou dont le système était défaillant, a dit Angela Schneider, ancienne rameuse olympique canadienne (1984) et aujourd'hui directrice du Centre international d'études olympiques de l'Université Western.
«Il est arrivé que cela se produise sans que personne ne cherche à dissimuler un dopage, mais ce n'est pas fréquent.»
Paulins a ajouté dans le communiqué que les athlètes sont responsables de la déclaration de localisation et du dépôt des rapports dans les délais impartis afin de se conformer aux règles antidopage et d'éviter de possibles sanctions.
Les règles antidopage portent atteinte à la vie privée des athlètes, mais sont également nécessaires pour démasquer les tricheurs, a ajouté Schneider.
Les contrôles inopinés sont nécessaires, car si un athlète sait qu'un contrôleur va venir, il peut se préparer. Il y a eu des cas où un athlète a prélevé de l'urine propre sur une autre personne et l'a injectée dans sa propre vessie à l'aide d'une sonde pour obtenir un échantillon propre, a-t-elle expliqué.
«L'un des moyens de contourner ce problème est de ne pas informer l'athlète de la date potentielle du contrôle, et la seule façon d'y parvenir est de connaître ses déplacements en permanence, a indiqué Schneider. Les seules autres personnes de la société qui sont soumises à ce type de traitement sont celles assignées à résidence pour activité criminelle.
«Dans notre société, nous ne traitons pratiquement jamais les gens de cette façon. C'est une atteinte très grave au droit à la vie privée. Mais les athlètes acceptent, car cela leur offre au moins une chance de concourir dans des conditions plus justes et équitables.»
Après des années d'entraînement au Centre sportif panaméricain de Toronto, Oleksiak s'est installée à Mission Viejo, en Californie, en 2023, pour rejoindre un groupe de nageurs professionnels internationaux entraînés par Jeff Julian.
Oleksiak possède sept médailles olympiques (une d'or, deux d'argent et quatre de bronze) et neuf médailles de championnats du monde (deux d'argent et sept de bronze).
Deux opérations à un genou et une blessure à une épaule après les Jeux olympiques d'été de Tokyo en 2021 ont limité sa capacité à s'entraîner et à participer à des compétitions. Oleksiak s'est qualifiée pour les relais à Paris en 2024, mais pas pour les épreuves individuelles.
L'impact de sa suspension sur la carrière et la réputation d'Oleksiak reste à déterminer.
«Parfois, on trébuche, on tombe, mais on se relève, a déclaré Schneider. Pour l'instant, il semble que cette suspension soit prolongée jusqu'en 2027. Elle aurait pu légitimement payer le prix et revenir ensuite concourir aux Jeux olympiques de 2028, si elle se qualifie d'ici là.
«Elle n'aura pas été déclarée positive au dopage. Elle aura enfreint les règles antidopage. Il y a des nuances à ce sujet qui importent peut-être à certains Canadiens et pas à d'autres.»